Interview / Honorable Sidiki Konaté, Vice-président de l’Assemblée national et député de Man

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« C’est celui à qui on donne une fonction qui prend la peine de faire comprendre la nécessité de cette fonction aux populations »

 Très à l’aise et alerte face à la marche de la Côte d’Ivoire, le Député de Man commune, Honorable Sidiki Konaté, s’est prêté à nos questions pour donner son opinion sur la vie de notre pays et le District Autonome des Montagnes. Entretien.

 Présentez-vous monsieur le ministre ?

Je vous salue. Je suis le ministre Konaté Sidiki, député de Man commune, Vice-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Je suis à mon troisième mandat qui, si Dieu le veut et que la population continue de me faire confiance, d’autres suivront. Je suis très heureux de m’adresser à votre journal qui est le miroir de la région et je me félicite de la mise en place du mensuel « Echos des montagnes » qui est le journal du district pour relayer davantage, les activités qui sont menées dans notre région. Bravo pour cette initiative !

 Quel bilan faites-vous de l’activité globale de l’Assemblée nationale pour l’année 2023 ?

Nous sommes au Parlement pour représenter nos populations, donc le peuple de Côte d’Ivoire. Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement sur l’ensemble des règlements et lois qui doivent régir notre société. Il est bon de savoir que le lieu de travail du député et son bureau se trouvent à Abidjan, plus précisément dans la commune du Plateau, au palais de l’Assemblée nationale. C’est ce qui fait que le député est amené à utiliser 80% de son temps à Abidjan où il travaille et met en œuvre, l’ensemble des réflexions et propositions qu’il fait pour la construction institutionnelle du pays à travers les lois. Cela est bon à préciser. Une fois élu, le parlementaire devient député de la Nation. Toutes ces précisions sont importantes à noter. En ce qui concerne le bilan de l’année 2023, nous avions un ensemble de projets de lois à examiner. À ce jour, nous avons épuisé 95% de l’ensemble des textes qui nous ont été présentés par le gouvernement. Ces dispositions ont été discutées, examinées et adoptées pour le bien-être de nos populations. Elles touchent tous les secteurs, à savoir la santé, l’agriculture, l’éducation, la sécurité…Le parlement est à l’image de la société dans sa diversité. Avec différents courants, il reçoit l’ensemble des textes qui doivent permettre aux populations de vivre dans un monde réglementaire. Je pense que le parlement a bien travaillé dans un esprit de cohésion. Presque tous les textes ont été adoptés à l’unanimité. C’est un beau travail.

Que pouvons-nous retenir de votre participation au sein du parlement ?

D’abord, les populations m’ont élu. Je suis donc leur représentant. Les lois que nous prenons sont pour toute la Côte d’Ivoire et Man fait partie de la Côte d’Ivoire. Nous sommes membres du groupe parlementaire RHDP et nous siégeons au sein du bureau de l’assemblée. C’est un honneur pour notre région qui compte deux vice-présidents et qui, au-delà de l’assemblée, est présente au sein du bureau. Nous sommes donc bien installés au niveau de cette institution. Quand nous travaillons, nous le faisons sur des lois qui s’appliquent à toute la Côte d’Ivoire. De ce point de vue, notre rôle est d’abord d’être présent et vous avez dû le constater, le député de Man a toujours été assidu et présent. Voilà le premier acte d’un député et c’est ce que les populations demandent : être présent, assidu et régulier, les représenter dignement et valablement. En plus de cela, nous avons participé aux travaux du bureau de l’assemblée qui définit le programme de travail et de fonctionnement du parlement. Nous avons donc donné de la visibilité à notre région. Par ailleurs, nous faisons du lobbying auprès des ministres qui viennent à l’assemblée afin de leur passer quelques petits messages qui concernent spécifiquement les projets dans nos régions, pour le bien-être de nos populations. Cela est subtil, mais nous le faisons. Voilà un peu donc, le sens de notre présence à l’assemblée nationale.

En restant sur cette subtilité, que fait concrètement le député pour la région du Tonkpi en général et la ville de Man, en particulier ?

J’aime bien cette question, parce que la préoccupation revient souvent, notamment sur les réseaux sociaux, pour dire : que fait le député pour Man ? Il faut savoir qu’il y a ce que l’on appelle le développement endogène. Un président est élu sur la base d’un programme. Il met en place un gouvernement avec un budget pour travailler pour tout le monde. C’est donc le gouvernement qui travaille et qui développe les différents projets dont la route, l’école, les universités… L’assemblée nationale examine les orientations du gouvernement, l’interpelle quand cela est nécessaire et valide aussi les actions, parce que nous avons un rôle de contrôle et de suivi par rapport au fait que le développement soit endogène et donc qui concerne toute la Côte d’Ivoire. De ce point de vue, on peut interpeller lorsqu’on constate que les projets ne vont pas dans tout le pays. Ce n’est donc pas les députés qui font les routes, mais les députés interpellent pour la construction des routes. En outre, il y a des démembrements du gouvernement que sont les mairies et les conseils régionaux qui ont des budgets pour continuer l’action du gouvernement à la base en construisant des routes, des ponts, des hôpitaux… Donc, souffrez de ne pas m’entendre vous dire que j’ai construit telle ou telle infrastructure. Ce n’est pas mon rôle. Ma fonction, c’est de voter des lois avec un rôle d’interpellateur. Cependant, le député travaille beaucoup sur le social. Il mène donc des actions personnelles pour venir en aide aux populations et je le fais avec mes modestes moyens.

Que pensez-vous du District Autonome des Montagnes et de sa gestion actuelle ?

Le Ministre Konaté Sidiki en pleine causerie avec les journalistes d’Echos des montagnes

Il y a une semaine que nous avons eu un texte au parlement pour examiner la question des Districts. Il faut dire que cette nouvelle entité a eu deux phases. Celle de la création et celle des textes pour structurer. Le gouvernement vient donc de travailler sur les attributions des districts. Cela a été fait au parlement. Au-delà des régions, il est question de mener un développement qui prend en compte plusieurs régions en même temps dans une sorte de développement homogène. Les districts sont donc présents et sont en train de jouer leur rôle. Ils ont donc leur place et je salue encore la nomination de mon frère Flindé, le deuxième député de Man, à la tête du District Autonome des Montagnes. C’est un bon choix, car sans jugement personnel, je pense qu’il a les acquis professionnels, intellectuels et politiques pour mener à bien sa mission. Je n’ai donc pas de doute. Il connaît la région et il est fils de la région et mieux, c’est un haut fonctionnaire de l’État. Grand serviteur de l’État par son sérieux, son charisme. Je sais que la personne nommée est à même de comprendre cette vision d’abord politique et d’exigence de développement intégré et nous le voyons à la tâche. En tout cas, le député que je suis, est satisfait de son travail. Il fallait faire vivre d’abord dans la conscience de nos populations, l’idée de district. Par ses rencontres et par sa présence, il a permis aux populations de comprendre cette décision du gouvernement. Je le dis souvent, c’est celui à qui on donne une fonction qui prend la peine de faire comprendre la nécessité de cette fonction aux populations. De ce point de vue, il a bien travaillé de sorte que tout le monde sait qu’il existe un gouverneur de district dans la région des montagnes. Que cette entité existe à l’Ouest et qu’elle travaille avec l’inauguration de chantiers. Déjà, en quelques temps, le vide est comblé par la performance de celui qui porte le projet.

L’objectif qui sous-tend la création des districts, c’est d’aboutir au développement. Pensez-vous que cela est possible ?

On a déjà le développement local avec la mairie, après le développement régional avec le conseil régional qui prend en compte les départements d’une région. Maintenant, on a le développement intégré de plusieurs régions. Il est question d’amener deux ou trois régions à élaborer un ensemble de projets qui soient bénéfiques pour toutes les régions. Le district vient comme une sorte de superstructure qui intègre toutes les régions avec des opportunités de trouver des financements pour financer le schéma directeur qui a déjà été élaboré. De ce point de vue, avec l’engouement qui a été créé autour du district, l’union qui s’est définit, nous sommes bien partis pour réussir.

Quelle appréciation faites-vous de la situation actuelle du District Autonome des Montagnes après les dernières élections ?

Elles se sont très bien passées. Le Ministre, Gouverneur qui était Directeur de campagne RHDP  pour la région et pour les municipales, a joué son rôle et le résultat a suivi tant dans le Tonkpi, dans le Guémon que le Cavally. Ce n’était pas facile, mais le pari a été gagné !

Une certaine opinion estime que vous n’avez pas été suffisamment présent pendant ces élections, notamment dans la campagne au niveau de la commune de Man. Qu’en dites-vous ?

Pourquoi peut-on dire cela ? Quelqu’un qui a été élu trois fois depuis la création politique de Man. Une première dans l’histoire politique et électorale de Man. En outre, à chaque élection, mon score est en croissance. Comment cela s’explique ? Je pense qu’il y a un problème de culture politique. J’ai respecté mes engagements en prenant part aux élections par ma qualité de Directeur de campagne du Maire de Man. Ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai un cabinet politique à Man dans mon quartier à Libreville à Man. D’ailleurs, je crois être un des rares élus qui a installé son cabinet qui fonctionne tous les jours et avec un personnel présent sept jours sur sept et qui sont rémunérés par mes soins. J’ai donc un fonctionnement permanent qui me permet d’être présent à Man même quand je ne suis pas physiquement sur place. Par la présence de mes collaborateurs au niveau du cabinet, je suis proche des populations qui peuvent rentrer en contact avec moi chaque fois qu’elles le veulent. Retenez donc que je suis toujours présent à Man. Je ne suis pas absent, ce qui me laisse serein car, malgré les vaines tentatives pour nous diviser, nous restons unis.

Que dites-vous de la cohésion et de l’entente entre les cadres du Tonkpi en général et de l’union des filles et des fils de Man en particulier ?

Le Ministre Flindé, le Maire Abou Fofana et moi-même, sommes des élus de la commune de Man. Sans langue de bois, je peux vous dire que nous restons une équipe soudée et surtout très sereine. Après tout ce que nous avons connu lors d’élections précédentes, j’ai décidé de ne plus faire partie d’une quelconque liste de candidature aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai été clair et direct pour dire que je ne ferai pas campagne pour ou contre quelqu’un en dehors de l’élection du maire Abou Fofana qui a été, Flindé et moi, notre directeur de campagne. Je suis et je demeure avec mon équipe et nous travaillons pour l’avenir. Je suis une personne qui n’aime pas trahir ses amitiés. C’est pourquoi, je pense qu’il ne faut pas que la politique nous amène souvent à trahir nos engagements. Même s’il arrivait de les trahir, il faut pouvoir expliquer le bien-fondé de sa position.

Monsieur le ministre, que répondez-vous face à ceux qui estiment qu’il règne une division entre les cadres et les élus du Tonkpi ?

D’abord, il faut se dire que ce n’est pas une spécificité du Tonkpi. Par les fonctions que j’ai occupées et qui m’ont fait connaître la Côte d’Ivoire, je peux vous dire que dans d’autres régions, ce qu’on appelle la division dans le Tonkpi, est pire. Nous sommes à un niveau inférieur. Ce qui se passe chez nous, c’est qu’on veut instituer forcement le leadership d’un tel, alors qu’on peut imposer un collectif de leader. Voilà la différence. Nous sommes des élus et des ministres. Nous sommes donc des leaders qu’on peut responsabiliser au même niveau pour travailler pour la même cause. Si chacun joue son rôle et que certains ne cherchent pas à s’imposer aux autres comme leader ou timonier d’une région, tout peut marcher. Respectons le protocole qui régit l’administration publique et ayons de la considération les uns pour les autres et tout ira pour le mieux. À notre niveau, le Ministre, Gouverneur, le Maire Abou Fofana et moi-même, député de Man, nous travaillons ensemble.

Honorable, la coupe d’Afrique aura lieu en Côte d’Ivoire en 2024. La région du Tonkpi et particulièrement la ville de Man n’ont pas été choisies pour abriter la compétition. Quel est votre sentiment ?

Je suis triste et peiné. Dans mon schéma, je me suis dit que nous serions choisis, mais hélas. La coupe d’Afrique chez vous, c’est comme à l’époque, les fêtes tournantes de l’indépendance. La ville de Man allait se développer et se bonifier. Cependant, dans la politique du gouvernement, il est prévu la construction et la réhabilitation de stades et d’autres infrastructures. Rassurez-vous, nous aurons, après la CAN, un beau stade Léon Robert de Man. Pour le reste, nous mettons à disposition, la maison du peuple de Man, le cabinet du Député. Tout est donné gracieusement pour permettre à tous de suivre la CAN. En tout cas, nous soutenons toutes les initiatives qui vont dans le sens de permettre aux populations de Man de vivre la CAN 2023.

Monsieur le Vice-président de l’assemblée nationale, quels sont vos vœux pour l’année 2024 ?

D’abord, en tant que Député, je souhaite des vœux de paix profonde à tous les Ivoiriens. Je sais qu’il y a des difficultés, mais nous devons les résoudre dans la sérénité et la stabilité. Il y a des efforts à faire de part et d’autre au niveau politique. Le défi du développement doit continuer et se faire dans un cadre apaisé. Il y a des conflits dans la sous-région. Je souhaite qu’on puisse s’écouter, se parler et avancer en trouvant des solutions aux crises que nous connaissons en Afrique de l’Ouest. Si nous avons la paix, le développement est possible partout dans le pays et surtout dans le Tonkpi et dans le District Autonome des Montagnes. Notre région n’est pas oubliée. D’ailleurs, il y a beaucoup de projets qui sont prévus et nous continuerons de jouer notre partition et faire le lobbying pour le développement de notre région. Enfin, je souhaite que la CAN se déroule très bien et que la Côte d’Ivoire sorte victorieuse de cette compétition. Ce sera notre plus grande récompense et le plus beau cadeau du début d’année 2024. À vous aussi au niveau de votre rédaction, je vous souhaite de passer une bonne fin d’année. À toutes et à tous, bonne et heureuse année 2024.

Propos recueillis par Gervais Olivier Tokoré De Grand Zia 

 

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