La commune de Man offre, malheureusement, moins d’opportunités en matière d’emploi du fait du manque d’industrie. Cependant, sa caractéristique montagneuse permet de développer des auto-emplois. C’est le cas des concasseuses de pierres dont nous découvrons l’univers !
Selon une étude qui s’est intéressée à cette pénible et difficile vie des concasseuses de pierres, il ressort que ces braves femmes travaillent dans des conditions difficiles et dangereuses pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Deux éléments fondamentaux se retrouvent dans l’emploi que ces femmes se sont volontairement octroyé par manque d’opportunités de travail. Il s’agit de la dureté de la tâche et de sa dangerosité. Un environnement dans lequel baignent, chaque matin, par petits groupes et souvent en famille, ces femmes qui se battent pour survivre en cassant des pierres.

Très tôt, le jour levé, elles investissent les différents endroits granitiques disséminés dans la ville de Man. Ainsi, nous apprend l’étude, on les trouve dans les quartiers comme Grand-Gbapleu, Air France et sur le tronçon Man-Biankouma au niveau du corridor nord de la capitale du District Autonome des Montagnes.
La précarité du métier les oblige à accepter leurs conditions de travail. De sorte que c’est à même le sol qu’elles s’asseyent sous des abris de fortune et dans des lieux ombrageux pour exercer leur métier depuis de longues années. La plupart des dames rencontrées, expliquent que c’est pour subvenir aux charges familiales quotidiennes qu’elles ont choisi de mener cette activité.
Aujourd’hui, on les rencontre partout, même dans des endroits insoupçonnés, comme le quartier Air France qui est censé abriter des personnes quelque peu à l’abri du besoin. Des familles entières sont à la tâche, malgré la difficulté du boulot. L’essentiel, c’est de rapporter de quoi manger à la maison. « Faire tourner la marmite » et scolariser les enfants, sont le leitmotiv de ces femmes tailleuses de pierres qui ne rechignent pas à la tâche.
Réfugiée à l’ombre des quelques arbres qui ornent le site de pierres et armée d’un marteau de fabrication artisanale, son outil principal de travail, dame B. Thérèse, une veuve et mère de famille, rencontrée sur le site granitique d’Air France, comme une automate, récite physiquement de son corps, les mêmes gestes coutumiers de ce travail harassant. D’ailleurs, c’est le même spectacle qui est offert à la vue de ces dames, quotidiennement. Toutes effectuent machinalement le même mouvement. Ce qui tend à impacter négativement leur santé, mais les rend dignes et honorables : gagner leur vie honnêtement et prendre soin de leur progéniture. Ce que cette dame, d’une cinquantaine d’années, confie aux auteurs de l’étude : « (…) c’est grâce à cette activité que les enfants vont à l’école », fait-elle savoir.
Chacune des femmes rencontrées a une histoire. Qui pour avoir perdu son mari. Qui pour avoir été abandonnée et d’autres, par manque de moyen et d’activités rémunératrices de revenus. Quoique les revenus de ce travail difficile sont infimes : « par jour, si tu as la force, tu peux faire une brouette et demie ou deux brouettes. Et puis, une brouette on la vend à 1000 f, de fois 1250 f », lance dame B. Thérèse.
Cependant, vu la cherté de la vie, les gains sont insuffisants et les acheteurs se font rares. Résultat, toutes crient à tue-tête : « ça ne marche pas ! ». Par ailleurs, ce travail constitue une menace pour la santé de ces femmes qui affirment toutes, souffrir de certains malaises dont les plus évoquées sont la courbature, les maux de tête, les blessures soit au pied, soit au niveau des doigts et même des yeux.
Certes, ce travail de concassage des pierres permet à ces généreuses et courageuses femmes de subvenir aux besoins quotidiens de leur famille mais, il est non seulement pénible et dangereux. Ce qui a pour conséquence de nuire gravement à leur santé. Malgré tout, elles sont fières de cette activité, fruit de leur dignité. Les décideurs et les personnes de bonne volonté sont donc priés de leur venir en aide, ne serait-ce que pour leur permettre de bénéficier d’une assurance santé.
Étude résumée par Jean Yves Brito