En ce mois de novembre, faisons un gros plan sur une “Dame”, Koué, elle se nomme pour les besoins de sa stature d’artiste. Son timbre vocal est si puissant qu’elle est aujourd’hui, une artiste qui compte dans la musique tradi-moderne.
Cette voix puissante lui vaut d’être reconnue par le Primud qui l’a nominé dans la catégorie de la musique tradi-moderne. Cependant, avant d’y arriver, celle qui est connue aussi comme la mère de Prométhée du groupe Révolution, a fait du chemin. Néanmoins, il faut le relever tout de suite. Cette dame, venue au monde dans un environnement musical, ne pouvait pas échapper à la musique. Tout la destinait à la chanson depuis longtemps.
Née à Blapleu, non loin de Dropleu, une zone réputée pour ses danses célèbres et ses chanteuses (de Kohun Tan) dans la sous-préfecture de Danané, son enfance était baignée par les merveilleuses voix de ses tantes paternelles. Même aujourd’hui encore, plusieurs années après, la voix de sa tante Siaou chante toujours dans sa tête. Tout comme celle de Kouidé ou encore la voix onctueuse de Munlé, chantre dans la chorale Yacouba de l’Église catholique de Danané.
Dans un environnement du village où même le vent chante, mêlé aux chants des oiseaux et aux pavoisements des feuillages, Léontine, son prénom à l’état civil, a connu une enfance joyeuse. Ici, il y avait toujours matière à réjouissance. Celle-ci donnait à la jeune Léontine, l’occasion de démontrer ses talents de chanteuse au service de Dieu, dans la chorale des jeunes de l’Église.
Avec le temps, elle devenait une belle et charmante jeune femme adulée déjà par les foules. Et, plus particulièrement, par les hommes. Le mariage lui tendait les bras. Sa carrière aussi. Fille de bonne famille et désireuse de fonder un foyer solide, Léontine arrête tout. Elle arrête donc les études et doit se marier, à Mathurin Koué, qu’elle épouse.
On ne la voit plus chanter dans les cérémonies des villages. Cela dure un temps. Mais un jour, lors d’une fête dans le village de son mari, une danse se présente à elle. Une des danseuses vient lui “lancer un défi” en lui tendant un chasse-mouche (queue de cheval). Il n’en fallait pas plus pour réveiller l’artiste qui sommeillait en elle. Aussitôt, la voilà tourbillonnant au milieu de la scène. Un signe épatant que cette femme ne pouvait échapper à son destin. Finalement, ce qui devait arriver arriva un jour de l’année 2010.
Léontine entre en studio grâce au colonel Mangly. Elle enregistre son premier album et décide de se faire appeler désormais Dame Koué. Une manière de rassurer Mathurin (son mari) en lui disant, par ce nom de scène, que même en devenant chanteuse, elle demeure la dame de monsieur Koué. Un hommage bien mérité pour cet homme qui a accepté qu’elle fasse de la musique et ne ménage aucun effort pour la soutenir.
D’ailleurs, le virus de la musique a impacté leur fils qui est aussi artiste. Il s’agit de Prométhée du groupe “Révolution”, auteur du célèbre refrain: «Je bois plus oooh éééh ! Je suis saoulé…». D’ailleurs, il est le producteur de la toute dernière production musicale de son artiste de mère dont le titre est “Révélation”. Une belle œuvre musicale dans laquelle Dame Koué fait montre de toute la dimension de son talent. Surtout de sa sublime voix qui a envahi toute la Côte d’Ivoire de sorte que la consécration est attendue au Primud 2022.
Sadia Guéla Diomandé